Accompagnement pour les pères

Je suis devenu papa en 2018 d'une petite fille. Loin des idéaux et rêves de parentalité positive que j'avais, j'ai découvert la réalité de l'aventure au jour le jour. Toutes les difficultés dont on ne parle pas ou peu, la beauté de l'aventure d'un côté, rêvée, idéalisée, et la cruauté du désespoir, de la solitude, de l'impuissance de l'autre côté.
J'ai réalisé à quel point je manquais de soutien, de repère. La joie d'être père était bien là, mais il me fallait découvrir la confiance en moi, en mes qualités, dans ma justesse, trouver ma place, remplir ma fonction, mon rôle, être au rendez-vous, faire avec tout ce que je suis et tout ce que je ne suis pas.

Comment y arriver sans le soutien des générations ainées?
J'ai perdu mon père à 17 ans. Mes grands-pères sont morts quand j'étais jeune. Je n'ai pas connu mes grands-mères. Les soutiens de ma lignée ne sont plus très nombreux. Et parfois, même quand ils sont vivants, on ne peut pas forcément compter sur eux.

En mai 2018, ma fille a un peu plus d'un mois et je participe aux Rencontres du Masculin Sacré, événement avec une multitude d'ateliers proposés réservés aux hommes. J'erre entre les salles pour trouver une proposition à mon goût. Rien ne me parle dans le programme, j'ai juste envie d'être soutenu, entendu, écouté, par des hommes, par des pairs. Je finis par trouver des amis, des ainés, entre deux ateliers et me pose avec eux pour leur partager mes hauts et mes bas, leur dire là où j'en suis dans ce rôle naissant de papa, dans cette aventure bouleversante.
Ils m'écoutent, me soutiennent, me conseillent. Cela me fait le plus grand bien.
Je me rends compte à quel point j'avais besoin d'être entendu, d'être reconnu, dans la difficulté de ces débuts, dans ma qualité de jeune papa.

Dans l'aventure de la naissance de notre fille, j'ai découvert tout ce dont on ne parle pas ou peu. Un peu comme les réseaux sociaux où il faut donner une image merveilleuse de soi, du monde de la réussite, peu de personnes parlent des difficultés de la naissance, de l'accouchement, de l'allaitement, de la sexualité, du cododo et de toutes les questions qui s'ensuivent. Entre tous les "il faut" ou les "surtout pas de", j'ai voulu bien faire, faire au mieux, et j'ai cherché mon chemin à tâtons dans cette jungle de conseils, de devoirs, de recommandations.
Bien sûr il y a le merveilleux de la rencontre, de l'extra-ordinaire, et puis il y a tout le reste : le difficile, l'insupportable, l'ingérable, le décevant, le douloureux.
Comment en parler? Comment le dire sans gâcher la fête? Comment en parler sans diminuer le miracle?
Bref, comment faire avec le réel?

C'est dans ce contexte que je proposerai l'année suivante, en Juin 2019 le premier Cercle de parole et de Soutien à la Paternité. Que ce soit des bébés, des enfants, des ados ou des grands, que ce soient des fils, des beaux fils, des filles, des belles filles, ou même des petits enfants, comment pouvons-nous, partager, entre hommes, ces questions, en parler, se dire les choses sans avoir peur d'être jugé, demander conseil, à d'autres pères, partager nos joies et nos peines, et trouver du soutien dans la diversité des aventures.

Le premier cercle m'aura fait pleurer de joie, de tristesse, de beauté. De sentir tous ces hommes, avec leurs joies et leurs peines, de sentir tout ce que nous avions sur le cœur à partager, que nous ne savions pas où le partager. De sentir ces tristesses enfouies des moments où nos enfants nous ont manqué. Ces endroits où nous nous retrouvons seul et incompris. Je sens comme cela fait du bien à tout le monde. Je sens comme cet espace est nécessaire et vital.

Je prends l'engagement en moi de l'ouvrir et le déployer pour tous les hommes qui le souhaitent et en ont besoin.

Ainsi, chers hommes, chers frères, chers pères, présents ou futurs, vous qui avez tenu ou tiendrez le rôle de père d'une façon ou d'une autre, si vous avez envie de partager ou besoin de soutien, vous êtes au bon endroit.